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by Manon MEUNIER

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Derrière les chiffres et les belles annonces, la réalité est tout autre : France VAE est aujourd’hui un dispositif au ralenti et inefficace.

En décembre 2024, la plateforme France VAE comptait près de 50 000 candidats inscrits mais affichait des résultats catastrophiques : seuls 1 800 candidats avaient terminé leur VAE en 18 mois, soit un taux de validation inférieur à 4 %. Un échec cuisant pour un système « intégralement financé » censé être « simplifié » avec des parcours réalisables en moins de 6 mois.

Quelques questions s’imposent :

  • Où en sont les candidats dans leur procédure ?
  • Pourquoi n’ont-ils majoritairement pas terminé leur parcours ?
  • Envisagent-ils réellement d’aller au bout ?

Depuis le lancement de la plateforme, aucun suivi n’a été mis en place pour mesurer l’état d’avancement des parcours. Face à ce vide statistique, une nouvelle mesure vient d’être instaurée par France VAE : l’actualisation obligatoire des candidats tous les 6 mois.

Inspirée d’une libre interprétation du texte de loi, cette procédure impose aux candidats de « pointer » dans un délai de 15 jours tous les 6 mois sous peine de voir leur recevabilité devenir « arbitrairement » caduque et de ne plus pouvoir prétendre à valider leurs acquis.

France VAE apporte finalement une réponse répressive et punitive plutôt que de s’intéresser aux informations qualitatives relatives aux parcours VAE qui permettraient de comprendre les raisons de cet échec.

Des chiffres désastreux qui disparaissent opportunément

Autre surprise : les données chiffrées, autrefois publiées par France VAE, ont subitement disparu du site. Pourtant, la comparaison avec l’ancien système est édifiante :

🔹 Avant la réforme :

  • Chaque année, 50 000 à 60 000 personnes s’intéressaient à la VAE.
  • Grâce à l’étape de conseil en VAE, 70 % d’entre elles s’engageaient réellement dans le parcours, évitant ainsi un gaspillage des aides publiques.
  • Sur les 35 000 à 40 000 parcours engagés, 30 % abandonnaient pour des raisons financières, un manque de motivation ou à causes de des contraintes personnelles ou professionnelles.
  • 25 000 à 30 000 validaient leurs acquis chaque année, soit plus de 50 % de réussite.

🔻 Aujourd’hui, avec France VAE :

  • Un taux de validation sous les 4 %, alors qu’il était 10 fois supérieur avant.
  • Des parcours mal ciblés et mal accompagnés faute d’un service de conseil en amont et de réels professionnels de l’accompagnement VAE.
  • Une offre de certifications éligibles insuffisante.
  • Des financements désormais supprimés rendant la démarche inaccessible pour beaucoup.

Un naufrage encore évitable

Pourquoi un tel fiasco ? Les experts historiques du Conseil VAE ont été écartés de la réforme et de la conception de la plateforme. Leurs connaissances transversales des dispositifs et des acteurs de la VAE auraient permis de sécuriser les « point critiques » des parcours et selon toute vraisemblance évité une mise en œuvre aussi chaotique et inefficace.

Quatre mesures simples permettraient pourtant de redresser la situation :

Rétablir le CONSEIL VAE à l’entrée du dispositif : une étape clé pour guider efficacement les candidats et éviter un gaspillage massif du CPF et des aides publiques.
Réintroduire des aides financières adaptées : sectorisées, ajustées aux situations des candidats et accessibles aux agents publics.
Renforcer les critères de sélection des Architectes Accompagnateurs de Parcours (AAP) pour évincer les acteurs opportunistes, garantir un accompagnement de qualité et maximiser les chances de succès des candidats.
Intégrer de véritables experts du Conseil VAE au sein de France VAE : un impératif pour assurer la réussite du dispositif et éviter que la réforme ne tourne au fiasco complet.

Il est urgent de corriger le tir avant que la VAE ne devienne un simple mirage pour les candidats en quête de reconnaissance professionnelle et que la nation se dote d’un outil de régulation des compétences issues de l’expérience dix fois moins couteux et chronophage que celui la formation.